L'Autobus de la Renaissance arrivera t-il à destination?

Alors que les hommes politiques sont supposés jouer un rôle important dans l’organisation et la régulation du système démocratique, la vie politique nigérienne est généralement considérée comme marquée par la violence, le désordre, la personnalisation du pouvoir et la faiblesse des règles constitutionnelles.

Ces derniers temps, le paysage politique nigérien est marqué par un climat assez complexe. Multipartisme, divergences idéologiques, alliances conjoncturelles. Les jeux semblent se corser pour l’Opposition politique qui a du mal aujourd’hui à se définir en vue de constituer une vraie alternative par rapport au pouvoir en place. Hormis les tensions sociales qu'avaient provoquées certains remous, le gouvernement Rafini 1 a bénéficié d’une longue trêve politique.

Aujourd’hui encore les membres des différents partis politiques semblent se diviser sur la constitution d’une véritable Opposition. Ce qui est normal se basant sur le principe du multipartisme et de la pluralité idéologique qui prévalent dans tout système dit démocratique. « Ce qui se ressemble, s’assemble », est devenu le nouveau slogan de certains partis et regroupements politiques qui tentent de faire peau neuve alors que certains autres préfèrent faire cavalier seul au lieu de s’allier à la nouvelle mouvance née dans une perspective électoraliste à l'initiative du MNSD, du MODEM/ FA LUMANA et de la CDS en 2011: c'est l'Alliance pour la Réconciliation Nationale (ARN), qui a laissé beaucoup d'observateurs perplexes, surtout quand on sait que certains pensent exactement le contraire de ce qu'ils font. Et l'histoire nous a livré la suite, en nous démontrant que les alliances des partis politiques ne pourront jamais donner fruit au Niger, car elles sont contre nature. MODEM/FA LUMANA, acteur clé de ce rapprochement, fera ensuite défection atterrissant au Mouvement pour la Renaissance du Niger où tous les partis politiques opportunistes, pour ne pas dire les partis d'intérêts, qui ont du mal a resté dans l'opposition et faire valoir leurs idéologies (s'ils en ont une évidemment), pressés d'être aux affaires, se sont regroupés en apportant leur soutien au candidat favoris de 2011, l'actuel président Issoufou.

En démocratie, ce sont les partis qui se ressemblent idéologiquement et partageant la même vision qui devraient se rassembler. L’Opposition doit être quelque chose de durable et les politiques doivent se réunir autour des intérêts supérieurs de la Nation et non sur des choses conjoncturelles telles des alliances électoralistes

Or, en toute logique et compte tenu de la situation de pauvreté de la population auquel le Niger faisait face depuis son accession à l'indépendance, son bonheur, son développement et sa stabilité relève de l'arrivée au pouvoir d'un homme politique réaliste, réfléchi, intelligent et généreux. Tant et si bien qu’il adaptera son plan politique et réorienta son discours vers la prise en compte des souffrances des populations.

Il devra opter de mener une politique qui devait lui permettre à court ou moyen terme de faire accéder le Niger à une autonomie. Toujours en homme politique réaliste et intelligent, il doit être un observateur attentif de son peuple, ne souhaitant pas malgré sa propre vision, de faire des actions politiques qui risqueraient de porter préjudice à la population. A ce moment-là, la population aurait une telle confiance en lui qu’elle pourrait le suivre dans n’importe quel chemin tortueux les yeux fermés. Et ces chemins pouvaient être ceux de la véritable indépendance (c'est à dire où le Niger aura son mot à dire aux différents sommets à l'international contrairement à la place de figurant qui lui est octroyé comme beaucoup des pays africains), ou de l’autonomie (comprenez par là un contrôle souverain de la gestion de nos ressources), de la justice sociale (celle du partage équitable, de l'égalité d'accès des citoyens aux emploi publics et l'égalité des citoyens devant la justice) ou de l'Etat de droit (le combat contre l'impunité et la corruption).

C'est le modèle d'homme politique qui sera à même de satisfaire les besoins et les aspirations d'un peuple dérouté, vivant dans une situation récurrente de précarité, jalonnée par des crises politiques qui l'anéanti.

Comment expliquer cette subite complicité fusionnelle et contre nature entre PNDS-MNSD (puisqu'à entendre Albadé Abouba, les 6 sections régionales du Parti, hormises celles de Niamey et Tillabéry, ont donné leur accord de principe pour cette fusion gouvernementale).et comment analyser le divorce entre le MODEM/FA LUMANA et le PNDS TARRAYA? Quand je regarde les membres influents composant ces deux groupes, je ne voie pas où peut se faire la convergence d’idées. Il ne reste donc plus qu’à déduire que pour Issoufou c’est une alliance de circonstance dont le seul but est de profiter du soutient électoral invraisemblable de HAMA AMADOU afin d’atteindre un but, un seul, l'accession à la magistrature suprême.

Pour HAMA AMADOU, l'occasion était plutôt favorable pour arrêter sa cavale judicaire et en découdre avec toutes ces affaires pendantes devant les tribunaux.

Si chacun a atteint son objectif, il n'est pas étonnant, encore moins surprenant de voir l'alliance volée en éclat, puisque déjà prévisible. Honnêtement, qui aurait cru au maintien de cette alliance le long du quinquennat? En tout cas pas moi, puisque certains se sont embarqués dans l'autobus de la renaissance sans connaitre la vrai destination.

AMADOU ADAMOU Bachir