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CLIN D’ŒIL DU NIGER

CLIN D’ŒIL DU NIGER

CLIN D’ŒIL DU NIGER est une tribune d'animation critique de l'actualité politique africaine. Elle met un point d'honneur à la défense de la démocratie et des droits humains. Elle se propose d'assurer une veille citoyenne en livrant des appréciations empiriques des décisions politiques susceptibles d'entrer en collision avec la normalité démocratique et les droits fondamentaux des citoyens.


Que nous reste-t-il de si beau lorsque la démocratie est piégée?

Publié par Maitre Bachir sur 5 Novembre 2017, 13:25pm

La démocratie en cours au Niger, est en réalité une imposture. En un quart de siècle d’expérimentation, jamais le Niger n’a connu de situation aussi ambiguë autour de l’organisation des élections. Si, il est vrai, que l’élection ne fait pas la démocratie, celle-ci figure en bonne place parmi les différents principes cardinaux. En effet, la démocratie suppose, pour reprendre les propos de Vincent Hugeux, un système éducatif efficace, une justice indépendante, une administration impartiale, une presse libre, le respect des minorités, le respect du contradictoire et un minimum de sécurité physique comme alimentaire. Et, poursuit l’auteur, « quand le ventre est vide, l’urne sonne creux », c'est-à-dire qu’aucun suffrage, même universel, ne saurait légitimer les résultats d’une élection, lorsque ceux-ci sont acquis, soit par contrainte, menace, violence, évergétisme ou par démagogie. Or, depuis la conférence nationale de 1991, le Niger est à la recherche de la véritable démocratie, pas cette démocratie de façade, mais la vraie bonne Démocratie, celle qui sera susceptible d’enfanter une alternance, où l’égoïsme des hommes laissera place à l’amour de la nation, où l’ambition des hommes pourra s’estomper devant l’intérêt général et où le rejet de l’adversaire politique laissera place au rassemblement du peuple.

Il faut donc se méfier de la lecture étriquée qui consiste à tenir des élections générales permettant de se doter d’une pseudo-légitimité pour mieux négocier avec les partenaires étrangers. Cette forme de démocratie ne conduit nullement ipso facto à la stabilité. Au contraire, dans certains cas, elle a plutôt suscité une rupture des règles institutionnelles, exacerbant les tensions sociales. On assiste, à cette veille électorale, à une montée en puissance de l’identification ethnique, avec des règlements des comptes sur fonds de revendications foncières ou économiques. Mais encore faut-il des élections véritablement crédibles pour attendre des perdants une exemplarité ? Mieux, faut-il pour une véritable stabilité démocratique, que le candidat sortant accepte l’idée d’une éventuelle défaite ? Pour sa vitalité, la démocratie s’oppose à l’achat des voix, à la violence, au clientélisme identitaire…Pourtant la démocratie telle que pratiquée actuellement chez nous n’a pas annulé le marchandage politique ; au contraire, elle l’a souvent légitimée. C’est la démocratie qui a été adaptée à la logique du clientélisme et non l’inverse. Les élections et les institutions « démocratiques » donnent accès aux ressources étatiques, à la fois condition et promesse de richesses. Le vote, souvent acheté en contrepartie de libéralités en argent ou en nature, comme le moyen efficace pour conquérir une position prébendière, offrant des nouvelles opportunités de pratiques prédatrices.

Sans références idéologiques, les acteurs sont surtout attachés, une fois élus, à gérer leurs intérêts et leurs alliances. La personnalisation du pouvoir et la « stratégie d’accumulation-redistribution »  qui préside à chaque niveau de la hiérarchie, du sommet à la base en passant par divers laudateurs et autres courtisans véreux, rendent impossible l’État de droit.

Dans ce contexte généralisé, l’exigence de transparence doit accentuer le contrôle citoyen pour que la démocratie prime sur toute autre forme étriquée de gestion du pouvoir. Après tout, cette démocratie dont nous sommes les véritables dépositaires, doit pouvoir nous livrer ses vertus et pour qu'aucune manœuvre ne puisse pouvoir à nouveau la piéger.

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